Nos tribunes

LA TRIBUNE APS – loi sur l’école de la confiance

L’Ecole de la Confiance & Les Troubles Anxieux Scolaires


De l’urgence de la reconnaissance des Troubles Anxieux Scolaires : une Ecole de la confiance avec des aménagements respectueux de l’intégrité physique et psychique de nos enfants


Nos familles ne sont pas dans une logique «politique», «corporatiste» ou «idéologique», nous luttons et adaptons nos vies pour sauver celle de nos enfants en faisant face, seuls, aux difficultés organisationnelles, financières, physiques, psychiques, pédagogiques.

La Phobie Scolaire est une réalité encore taboue qui doit être prise en compte dans les évolutions possibles de ce système toujours plus inclusif et normatif, parce que si nous nous accordons à dire que la phobie scolaire n’est pas une maladie, nous savons aussi que les troubles anxieux scolaires peuvent rendre malade sévèrement et durablement. Les origines et les mécanismes sont complexes, multifactoriels, polymorphes mais nos enfants ont néanmoins en commun leur souffrance, leur détresse et leur culpabilité de ne pas parvenir à se conformer à ce système scolaire, le tout aggravé par l’incompréhension de leurs difficultés et l’inadaptation des mesures ou des prises en charges proposées.

Pour nos familles, la Loi Blanquer n’apportera aucune amélioration mais en revanche fera peser le risque de détériorer un peu plus la santé de nos enfants : les rares dispositifs existants et imparfaits ne seront ni complétés, ni renforcés, ni même parfois maintenus dans le cadre de l’Ecole de la confiance, pire les exigences de l’obligation scolaire seront durcies.

Voir l’enfant avant l’élève ! Soigner l’enfant pour qu’un jour il redevienne élève ! La déscolarisation : ce n’est pas un choix mais une incontournable nécessité après avoir épuisé la moindre option proposée par le système. La pause scolaire est souvent la meilleure arme pour éviter à ces enfants une «désintégration cognitive et sociale» sans retour. Cette déscolarisation à laquelle nous n’étions en rien préparés, nous ne l’avons pas choisie, nous l’avons subie ! Nous avons tout tenté avant : PAI, PAP, PPS, SAPAD, traitements antidépresseurs et anxiolytiques (avant même l’âge de 10 ans), hospitalisation, soins- études, aide éducative… Pour une grande majorité rien n’a fonctionné durablement, et pour un grand nombre au contraire cela a amplifié et ancré la problématique, faisant sombrer davantage nos enfants. La seule façon de se protéger, de satisfaire à l’obligation d’instruction tout en tenant compte de l’état de santé de son enfant, de lui offrir une chance de se reconstruire durablement réside alors dans la « déscolarisation ».

Une déscolarisation qui n’est pas un «confort » pour l’enfant mais à laquelle le système lui-même, dans toute son ignorance du problème et ses défaillances, nous a poussés ! Le CNED réglementé est pour beaucoup la première option, il offre un cadre pédagogique et un statut scolaire. Cependant les obstacles pour y accéder sont nombreux. Le parcours est d’autant plus complexe que malgré des besoins spécifiques diagnostiqués (Haut Potentiel, Tda/h, Dys, TSA), ces enfants ne sont pas toujours reconnus par les MDPH. L’instruction en famille demeure alors, en cas de situation inextricable de blocage, la seule option pour répondre à l’obligation d’instruction. C’est aussi la seule viable pour des enfants pour lesquels la déscolarisation a trop tardé, dans un état psychique et physique souvent désastreux, avec des ressources cognitives et une confiance en eux réduites à néant. C’est en ce sens que la non prise en compte des troubles anxieux scolaires dans les amendements de la loi Blanquer, le déni persistant sur l’existence et la souffrance de ces enfants, constituent à eux seuls un véritable désastre humain annoncé.

Pour ces raisons, il devient urgent que l’Etat et l’Education Nationale reconnaissent officiellement les Troubles Anxieux Scolaires.

Nous souhaitons ainsi :

  • Une  collaboration  efficace  et  renforcée  entre  l’Association  Phobie  Scolaire  et  l’Education Nationale pour informer, sensibiliser et faciliter le dialogue entre parents et équipes éducatives
  • La  nomination  dans  les  académies  de  référents  «phobie  scolaire»  sans  amalgame  avec  le phénomène du décrochage scolaire.
  • Une reconnaissance des troubles anxieux scolaires, comme un handicap fortement invalidant, par les MDPH ou dans les futurs PIAL.
  • Une inscription de ces derniers dans les conditions de dérogation d’octroi du CNED réglementé.
  • Une adaptation et un allègement des dispositifs de contrôles et de sanctions liés à l’instruction en famille.
  • Des aménagements possibles pour  TOUS, (pas seulement pour  ceux reconnus par la MDPH), dans tous les Établissements, pour le passage des examens.

Par ce dialogue que nous souhaitons engager, cette reconnaissance que nous demandons, ces propositions que nous faisons, nous sollicitons juste les moyens pour pouvoir continuer à le faire, pour éviter que les amendements de la loi sur l’école de la confiance nous empêchent de le faire. C’est notre premier devoir en tant que parents : assurer la santé mentale et physique de nos enfants ; leur donner les moyens de la reconstruction pour leur permettre un jour, à nouveau, de s’instruire. Alors, puisqu’il s’agit aujourd’hui, par une loi au titre très ambitieux, de redonner la confiance en une institution nous vous demandons de nous entendre pour que nous puissions, de nouveau, insuffler cette confiance à nos enfants.



TRIBUNE
L’INSTRUCTION EN FAMILLE
ET LES TROUBLES ANXIEUX SCOLAIRES

De l’urgence de la reconnaissance et de la prise en compte des Troubles Anxieux Scolaires dans les motifs d’autorisation d’Instruction en Famille pour le respect de l’intégrité physique et psychique de nos enfants

« Nos familles ne sont pas dans une logique « politique », « corporatiste » ou « idéologique »
Telle était l’introduction de notre première tribune.
Aujourd’hui, elles ne sont toujours pas dans ces logiques, ni dans une logique « séparatiste » ou « libertaire ».
Elles demeurent au contraire dans une optique «positive», «collaborative» et «inclusive», à la recherche de solutions et d’adaptations de vie et d’instruction qui permettent de sauver leurs enfants.

La Phobie Scolaire : une réalité toujours taboue mais bien plus visible, qui n’est toujours pas prise officiellement en compte dans les évolutions des politiques publiques.
Marie-Rose Moro pédopsychiatre et directrice de la maison de Solenn parle d’une véritable épidémie. Ce sont toujours 1 à 3% d’élèves qui sont concernés par des troubles anxieux scolaires qui peuvent rendre malade et invalider certains enfants sévèrement et durablement. Ce sont à minima 120 000 élèves en grande souffrance sur lesquels les évolutions législatives continuent à fermer les yeux, aggravant ainsi leur situation et plongeant leurs familles dans le plus grand désarroi.


L’incompréhension de leurs maux, l’inadaptation des solutions proposées, la pression de l’obligation scolaire et d’une inclusion niant leur souffrance aggravent leur état, fragilisent leurs familles et les poussent vers une déscolarisation certaine. La plupart d’entre eux aspirent pourtant encore à étudier, rêvent toujours d’un avenir passant par des études, souhaitent plus que tout redevenir des élèves en culpabilisant de ne pas y parvenir.
Ce sont pour ces raisons, pour leur éviter la « désintégration cognitive » dont parle le Professeur Rufo, que, quand tout a été essayé, la pause scolaire est souvent nécessaire. Elle est désormais préconisée par de nombreux spécialistes de la pédopsychiatrie.
Elle apparaît à regret aux parents comme une incontournable nécessité. Elle est acceptée par les enfants, bien souvent la mort dans l’âme.
Car ils ne sont ni des fainéants, ni des décrocheurs. Leurs familles n’optent pas pour l’instruction en famille (IEF) par idéologie et ce ne sont pas des parents démissionnaires ou laxistes. Cette pause, parents et enfants ne la choisissent pas : ils la subissent !

Elle constitue souvent, face aux limites du système, la seule manière de soigner durablement l’enfant, de le mettre à l’abri de situations de harcèlement, et de protéger la famille des conséquences désastreuses liées à la méconnaissance de ce problème et aux préjugés qui l’entourent.
Elle devient la seule solution possible pour satisfaire l’exigence d’obligation d’instruction qui incombe aux parents tout en tenant compte de l’état de santé de leur enfant. Dans quel vide juridique seront ces enfants et leurs familles à l’avenir si l’IEF ne leur est pas accordée, notamment dans les situations d’urgence vitale ?
Une déscolarisation qui n’est pas un confort et dont la nécessité doit désormais être reconnue.
Le CNED règlementé est pour beaucoup la première option pour ne pas s’éloigner de ce système vers lequel un retour reste souvent le but. Mais les obstacles pour y accéder sont nombreux et parfois insurmontables.
L’instruction en famille demeure alors la seule option pour répondre à l’obligation d’instruction de tous parents. C’est aussi la seule viable pour des enfants épuisés physiquement et psychiquement car la pause scolaire a eu lieu trop tard pour certains, aux troubles des apprentissages trop lourds pour pouvoir répondre aux exigences du CNED.
Pour ces raisons, il devient urgent que l’État et l’Éducation Nationale reconnaissent officiellement les Troubles anxieux
scolaires.

Les troubles anxieux scolaires et les enfants qui les manifestent sont objectivement visibles et détectables.
Ils offrent, ainsi que leurs familles, toutes les garanties permettant de considérer qu’ils ne profitent en rien des possibilités qui leur sont offertes. Pour la plupart, ce sont :
Des enfants diagnostiqués,
Des enfants à besoins éducatifs particuliers avec bien souvent des profils atypiques dûment établis par des spécialistes,
Des enfants, parfois, victimes de harcèlement traçable et avéré,
Des enfants suivis médicalement et/ou thérapeutiquement régulièrement.
C’est pourquoi nous vous demandons d’inscrire les troubles anxieux scolaires, avec toutes les garanties que vous jugerez utiles, dans les cas d’autorisation de l’IEF de l’article 21 de la loi sur le séparatisme et par extension dans ceux d’octroi du CNED règlementé mentionné dans la circulaire de 2017 relative à l’obligation scolaire.
La grande difficulté réside dans la pénurie de pédopsychiatres (dont les certificats sont souvent exigés) : la prise en compte de cette problématique est impérative car source réelle de difficultés pour obtenir aujourd’hui un CNED malgré tous les suivis psychologiques et médicaux autres.
Il convient donc de s’assurer que les certificats de médecin traitants et les recommandations de psychologues suivant l’enfant soient bien pris en compte dans toutes les régions, comme justificatifs, par les administrations.
Il s’agit là de la seule manière d’offrir aux parents la possibilité de se concentrer sur les soins de leurs enfants, tout en respectant l’obligation d’instruction qui leur incombe, pour leur permettre à terme de redevenir des élèves.
Il s’agit là de la seule manière de sauver ces enfants en leur donnant les moyens de se reconstruire puis de s’instruire et en leur laissant le temps dont ils ont besoin pour reprendre confiance dans l’École de la République.

Voir l’enfant avant l’élève ! Soigner l’enfant pour qu’il redevienne un élève !


APS – Association Phobie Scolaire